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Publié le 1 novembre 2014, par dans Réflexions.

Ça fait plus d’un an que j’ai pas écrit ici. Peut-être que je n’en avais pas besoin. Peut-être aussi que j’ai trouvé les bonnes personnes pour verbaliser ce que j’avais besoin à l’époque de poser par écrit. Cela dit, aujourd’hui, je flippe. C’est complètement irrationnel, je le sais bien, et c’est peut-être ça le pire, le fait que je sache cela. Qu’il soit complètement irrationnel de flipper pour un anniversaire.

Mais merde. Je vais avoir 30 ans. J’arrive même pas à imaginer comment c’est possible. Je ne peux pas avoir 30 ans. Cela me parait tellement impossible. Ces dernières années, je les ai littéralement perdu. Des années que je pourrais jamais rattraper, des années qui font qu’aujourd’hui je vais bientôt avoir 30 ans. J’ai l’impression d’avoir oublié de vivre quelque chose. D’avoir oublié de faire certaines choses. Ce qui fait que je ne peux pas avoir 30 ans prochainement. Parce que je n’ai pas fait ce qui aurait dû se faire avant mes 30 ans. Parce que je n’ai pas eu le temps de faire tout ce que j’étais supposée faire. Parce que, parce que, parce que…

L’air de rien, 30 ans, c’est rien mais finalement, inconsciemment, on se retrouve à faire un pseudo bilan de ce qu’on a été amené à faire depuis. La pression sociale, tout ça tout ça. Même si je fais parti des personnes qui disent se foutre totalement de cette putain de pression sociale, je me rends compte que comme tout un chacun, on est coincé par cette putain de pression. Et que malgré tout, même si on a envie de passer outre, on se retrouve tout de même confronté à ce qu’on a fait et surtout à ce qu’on a pas fait.

30 ans pourtant, c’est rien. Temporellement parlant, ça représente rien du tout. Et pourtant…

On se retrouve face à face aux choses qu’on était supposé accomplir avant cet âge. On se retrouve également face au fait que certaines de ces choses, faut être réaliste, ne se réaliseront jamais. Faire le deuil de ces choses est le travail d’une année. Sérieusement. Cela doit bien faire un an que je fais le deuil de ces choses. Parce que oui, j’ai enfin accepté de quitter mes oeillères pour me rendre compte que non, ce ne sont pas des choses qui m’arriveront à moi. Ou alors, coup de chance. Alors, il faut penser à investir d’autres sphères. Mais lesquelles. Il va falloir bien les choisir. Il va falloir miser sur les bonnes choses. Parce que merde, je vais avoir 30 ans.

C’est drôle. 20 ans, l’âge de tous les possibles. 30 ans, l’âge des désillusions ? Ou alors, l’âge de la réalité. Je ne veux pas avoir 30 ans. Je ne peux pas avoir 30 ans. J’ai perdu tellement temps dans une relation qui ne m’a rien apporté. J’ai perdu tellement de moi dans cette relation. Et aujourd’hui, je vais avoir 30 ans. Et je ne sais pas tellement ce que ça a pu m’apprendre. A part, que je sais peut-être ce que je veux. Et encore. Je ne suis pas sure de pouvoir dire que je puisse m’affirmer dans ce que je recherche, ou dans ce que je veux, ou dans ce que j’ai. Tout ce que je sais, c’est que je suis en train de flipper comme une tarée, parce que je vais avoir 30 ans.

Parce que, surement, ça me met face à mes échecs, à mes incertitudes, à ce que je n’ai pas réussi à entreprendre, à ce que je n’ai pas réussi à confirmer. Parce qu’aujourd’hui, vraisemblablement, je n’ai pas une situation rêvée, que je n’ai pas non plus quelque chose qui m’assure une situation pérenne parce que cette dernière peut s’arrêter à tout moment et qu’à partir de ce moment-là, il se passe quoi ? Je vous le demande. Je serais littéralement dans la merde jusqu’au cou.

A prochainement 30 ans, je n’ai rien d’idyllique. Je n’ai rien construit. J’ai perdu beaucoup de choses. J’en ai aussi beaucoup retrouvé. Je ne suis rien. Finalement, ça me rappelle un peu ce que disait Augustus Waters dans Nos Etoiles Contraires. Ce qui lui faisait le plus peur, c’était l’oubli (« oblivion »). Et après coup, je vois ce qu’il veut dire. Je trouve ça complètement stupide ce que je suis en train de vous dire, mais voilà, je suis dispensable. Je ne suis pas non plus en train de vous dire que je veux être connue, que je veux marquer l’Histoire de ma marque mais juste que finalement, je n’ai rien fait dans ma vie qui soit réellement notifiable (néologisme bonjour) de quelque chose. Je suis dispensable. Je n’ai pas l’impression d’être indispensable, je n’ai pas l’impression d’être inoubliable. Je n’ai pas l’impression d’être.

30 ans, c’est tout et rien en même temps. C’est tout parce que c’est supposé représenter quelque chose. C’est rien parce que temporellement parlant, c’est une période tellement courte qu’elle n’est pas intéressante. Mais alors pourquoi cette pression sociale. Pourquoi rendre si insupportable cet âge ? Et si je le vis déjà aussi mal à 30 ans, qu’est-ce que ce sera quand j’en aurai 40 ?

Seigneur. Je ne veux pas avoir 30 ans. Je ne veux pas avoir la gravité des gens de 30 ans. Je veux garder ma légèreté des gens de 20 ans. Je ne peux pas, de toute façon, avoir 30 ans. Parce que je n’ai pas eu l’occasion de vivre mes 20 ans.

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