Une des choses qui me fascinent toujours, c’est notre rapport au temps. Au temps qui est, au temps qui passe. J’ai 27 ans. Et il y a des jours où j’ai l’impression de sortir d’un long coma. Et il y a d’autres nombreux jours où je me demande où sont parties certaines années.
Quand je dis ça, j’ai l’impression de parler comme une « vieille ». Pourtant, je n’ai QUE 27 ans. Donc ce genre de réflexions peut faire doucement rire mes ainés mais quoiqu’il en soit, ça continue à me fasciner.
Mon cerveau fonctionne comme un enregistreur. Quasiment chaque instant de ma vie est enregistré quelque part, dans mon cerveau. Une phrase, une attitude, un regard, une situation, c’est enregistré. Des détails dont je ne sais que faire. Des détails que parfois je voudrais oublier. Des choses qui font que je pourrais avoir l’air flippante pour certains de me souvenir de tout. Ou presque.
Pourtant, malgré cela, je sais qu’il y a des moments que j’ai occulté. Pas sciemment, je suis bien trop en contrôle pour que ça arrive, mais sûrement par instinct de protection. J’ai des périodes, ce sont des trous noirs. Pas moyen de me souvenir de ce qui s’est passé ou de ce que j’ai fait. « Dernièrement », j’ai occulté quelques mois. Je n’ai pas la moindre idée de ce qui s’est passé ces mois-là. J’ai des flashs. Des instantanés de moments. Mais rien de plus.
Et à côté de ça, j’ai des souvenirs très distincts de la plupart des moments de ma vie.
Pourtant, aujourd’hui, j’ai l’impression de me réveiller. Parce que j’ai l’impression d’avoir été en veille pendant quelques années. J’étais là mais je ne sais pas trop pourquoi ou comment. Une impression de temps perdu. Une impression de temps que je ne peux plus rattraper.
Mais malgré tout, on ne peut pas vraiment perdre du temps dans le sens strict du terme. J’ai surement évolué. J’ai surement changé. Bon gré, mal gré. J’ai vieilli. Je me suis affirmée. Et pourtant aujourd’hui, je me demande encore ce qu’il s’est passé. J’ai l’impression d’avoir laissé filer le temps sans avoir fait grand chose. Je commence à me reconnaitre de nouveau. Des choses que j’avais abandonnées qui finalement reviennent au galop.
Avec tout ça, de ce fait, j’ai dû mal à me dire que j’ai 27 ans. Ca me parait improbable de fêter mes 28 ans cette année. J’ai l’impression d’être passée à côté de beaucoup de choses. J’ai l’impression de n’avoir pas fait plein de choses. Quand on regarde autour de soi, on se retrouve confronter à son propre non-accomplissement.
Le temps qui passe est donc un concept qui me fascine. Des jours où j’ai envie de dire stop, ça va, si ça pouvait s’arrêter deux secondes. Et d’autres jours où j’ai envie de dire, va plus vite, je veux passer à autre chose.
Après, je crois que je réfléchis trop. Que je veux intellectualiser beaucoup trop de choses et que j’en deviens chiante. Finalement, ça pourrait se ramener à cette histoire de contrôle. Le temps, c’est une chose sur laquelle je n’ai pas de contrôle. Alors ça me dérange surement.
Je sais pas en fait. Cet article m’emmerde. Allez savoir pourquoi je viens de l’écrire et pourquoi je vous l’impose.
Ne me remerciez pas.

