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Publié le 29 août 2007, par dans Interview(s), Musique.

brett.jpgJ’inaugure ma partie interview en commençant par le guitariste de Bénabar. Pour la petite histoire, faire des interviews, c’est juste un petit délire de ma part.
En fait, j’étais partie sur l’idée comme quoi on interviewait toujours les chanteurs/chanteuses mais rarement les gens qui les entouraient alors que je suis sure qu’ils ont plein de choses intéressantes à raconter.

Alors pour délirer, j’ai soumis ce projet à Brett, et il a dit oui. Et là, je me suis sentie mal parce qu’ayant l’impression que ce projet allait tomber à l’eau, j’avais, du coup, quasiment rien préparé comme question (oui, vous pouvez me jeter des pierres). M’enfin, au bout de quelques temps et à l’aide d’internautes, j’ai pu pondre un truc pas trop dégueulasse 🙂

C’est pas du grand art, c’est pas du grand journalisme, mais bon, on est entre nous hein 😉

01. T’étais-tu destiné dès ta plus tendre enfance à une carrière de guitariste?
Non, pas vraiment. En fait je fais de la musique depuis ma plus tendre enfance (d’abord du piano, puis ensuite la guitare vers 12-13 ans), mais il s’est passé des années avant que j’envisage ça comme un métier possible. Le déclic a eu lieu vers 22 ans, quand je suis arrivé à Paris et que j’ai vu ces mecs qui jouaient la nuit dans les piano-bars. Quand j’ai compris qu’ils étaient payés pour faire ça (alors que j’aurais rêvé d’être à leur place, même gratos!) et qu’on pouvait gagner sa vie comme ça, je me suis dit « mais c’est ça que je veux faire! »

02. Comment as-tu débuté? Est-ce difficile de se faire une place dans ce milieu?
Eh bien à cette époque, après avoir très peu réfléchi à la question, j’ai démissionné de mon boulot pour monter un groupe de reprises avec les deux seuls musiciens que je connaissais à Paris. Quand on s’est sentis prêts, on est allés se présenter dans tous les endroits qui faisaient jouer des groupes, on a été pris dans deux ou trois, et ça a commencé comme ça. C’était pendant l’été 93.
Pour ce qui est de se faire une place dans ce milieu, ça peut être long ou pas, ça dépend de beaucoup de facteurs, dont la chance. Mais Je crois que la clé du truc tient dans la capacité d’adaptation, tant musicale qu’humaine. Le but n’est pas de réussir à jouer le plus vite du monde, mais de faire en sorte qu’on ait envie de jouer avec toi.

03. Sur quel instrument joues-tu ? Tu as certainement un instrument « fétiche » ?
J’ai plein de guitares, Fender, Gibson, Rickenbaker, j’aime bien le « matos ». J’ai une Telecaster qui sonne terrible, et j’adore aussi la Gretsch noire que j’ai utilisée sur toute la tournée de Benabar.

04. Je crois que tu as eu l’occasion de jouer pour pas mal de monde, et évidemment, je vais te parler de Bénabar. Comment vous êtes-vous rencontrés, et qu’est-ce qui t’a convaincu de le rejoindre?
On s’était rencontrés sur la précédente tournée, où j’avais fait plusieurs premières parties en accompagnant Pierre Souchon. A cette époque, c’était Bertrand Belin qui tenait la guitare derrière Benabar. Je connaissais Bertrand pour lui avoir succédé il y a dix ans au sein d’un groupe de musique cajun qui s’appelait Stompin Crawfish. Quand il a décidé d’arrêter Benabar pour se consacrer à ses propres chansons, il m’a proposé la place. Je n’ai même pas hésité une seconde…tu aurais fait quoi, toi?

Tout pareil, à ta place, j’aurais aussi sauté sur l’occasion directement 🙂 Mais bon, remarque, je suis pas très objective non plus.

05. Comment relativises-tu le succès que rencontre Bénabar, et par extension, toi, actuellement?
Le succès de Benabar, ce n’est pas à moi de le relativiser. Je suis super content et fier de participer à ça, parce que que c’est un succès super mérité. Bruno, ça fait des années et des centaines de concerts qu’il mouille la chemise pour faire son truc. Alors le méga-succès qu’il rencontre aujourd’hui, on voit bien que ça ne tient pas à une attitude, un look, une mode, mais bien a un talent et une énergie énormes. Et beaucoup de sincérité.

J’aurai tendance à dire que ça dépend chez qui. Enfin dans le sens qu’on commence à trouver des p’tites minettes groupies hystériques à coup de « Bénabar je t’aime » qu’on n’avait pas forcément avant 🙂 Je pense (enfin, ça n’engage que moi bien sûr) qu’il y a eu quand même un léger effet de mode pour la population adolescente. Enfin, je sais pas ce que t’en penses…

06. Être le guitariste de Bénabar t’amène à faire énormément de dates, tu as une hygiène de vie particulière avant d’appréhender ces longues tournées (sports…) ?
Quand on a commencé la tournée, je courais assez régulièrement, genre trois fois par semaine. J’ai essayé d’entrainer les autres, et j’ai réussi deux ou trois fois. Mais au final c’est eux qui ont gagné, puisqu’au bout d’un an je ne courais plus du tout et j’avais quasiment repris la cigarette! Mais depuis je m’y suis remis (au sport, pas à la clope!), il faut garder la forme.

07. Avec des tournées aussi longues, au niveau de la vie familiale, ce ne doit pas être évident à gérer tous les jours. Est-ce qu’au bout d’un certain temps de tournée, cela te pèse de ne pas être avec tes proches? Ou arrives-tu aisément à concilier vie familiale et vie professionnelle?
En fait ça n’est pas si pesant que ça, car ce n’est jamais qu’une tournée Française. Cela signifie que l’on est rarement loin de chez soi plus d’une semaine ou dix jours. Ensuite on rentre trois ou quatre jours et on repart, parfois pour des durées très courtes. Ca doit être beaucoup plus difficile à gérer pour des groupes qui tournent dans le monde entier. Là ils peuvent être partis de chez eux pendant deux mois ou plus. Alors que pour nous, ça évite juste de tomber dans la routine, moi ça me convient plutôt pas mal.

08. Au niveau de la scène, ta préférence va pour les concerts dans des petites salles intimistes ou pour des salles comme Bercy?
Moi je crois qu’il faut de tout, car on s’habitue. Les petites salles c’est limite plus impressionnant parce que tu vois vraiment les gens, donc il faut vraiment être là. Les grosses salles c’est différent, on perd cette proximité avec les gens, mais à la place il y a un côté « maître du monde » qui est assez grisant. En fait j’adore les deux.

09. Est-ce que le succès de Bénabar (promo…), t’a amené à cotoyer des ambiances que tu n’apprécies pas? A savoir, est-ce que le côté paillettes & cie t’attires ou au contraire, cela te soulage de t’en échapper?
Disons qu’avec Bénabar, la question des paillettes ne se pose pas trop. Il n’est tellement pas show-biz qu’on n’a que les bons côtés du truc: boire des coups, être invités par des mecs sympas, et se marrer. Je pense qu’on n’est pas assez « glamour » pour attirer les gros branleurs du petit microcosme parisien. En général, les gens snobs détestent Bénabar, et ça c’est classe!

Et on l’en remercie d’être rester comme il était après avoir connu le succès, ce n’est que plus agréable pour les personnes qui le suivent depuis un bon bout de temps ^^

10. Penses-tu que les personnes qui viennent voir leur chanteur en concert portent leur attention à ses musiciens? Si oui, quel effet ça te fait de voir, à la fin des concerts, des « fans » venir te voir pour une photo souvenir? (non, je ne parle pas de mon expérience personnelle 😉 ).
Je pense que les gens viennent surtout voir le chanteur, même si avec Bénabar notre rôle à chacun va souvent au delà de celui du musicien strictement accompagnateur. On s’exprime pas mal aussi en faisant les cons et en dansant mal. Mais je suis toujours surpris (agréablement) à chaque fois qu’on veut se faire prendre en photo avec moi.

11. A la longue, n’est-ce pas « frustrant » de voir toute l’attention se porter sur le chanteur de telle sorte qu’on en oublie les musiciens?
Non, pas du tout. Ca fait partie de notre métier, et tout le monde n’a pas envie de sentir tous les regards braqués sur lui en permanence!

12. Tu aurais une petite anecdote de tournée à nous raconter?
Bah..j’en ai plein, mais les vraiment bien, elles ne sont pas racontables!

Ah là là. Là tu nous mets « l’eau à la bouche », parce que du coup, on a envie d’en savoir plus !

13. Un concert réussi pour toi, cela signifie quoi?
On n’a pas toujours la même perception qu’on soit dans le public ou sur scène. On peut terminer un concert en ayant l’impression d’avoir joué pas terrible, de ne pas avoir été trop dedans, alors que le public applaudit à fond . L’idéal c’est quand c’est l’euphorie des deux côtés, là c’est vraiment un concert réussi.

14. Tes meilleurs moments sur scène, c’était quoi et avec qui?
Avec Bénabar, sans hésiter. J’aurais du mal à citer un concert en particulier (Bercy, peut-être quand même!). Les Vieilles Charrues avec Delpech, c’est un super souvenir aussi. Et le spectacle du Soldat Rose au Rex, en Novembre dernier. C’était génial d’accompagner à la suite Cabrel, Souchon, Chédid, Vanessa Paradis, M et tous ces super chanteurs (dont Bénabar, d’ailleurs) dans un même concert!

J’avoue qu’en regardant le soldat rose, la première chose qui m’est venue à l’esprit c’est que ça avait l’air d’être l’éclate totale en fait, on sentait que vous étiez tous contents d’être là, et exceptionnel, à la base, je ne suis pas une grande fan de Cabrel, et là bizarrement, ça m’a quand même plu.

15. Tes chansons, c’est juste un trip entre potes ou est-ce un trip qui pourrait bien devenir sérieux un jour? Une scène pour toi peut-être?
Je ne sais pas trop, justement, je suis un peu en train de me poser la question en ce moment. J’adore faire des chansons, les composer, concevoir les arrangements, enregistrer des choses en studio. Ensuite, être chanteur c’est une autre démarche, ça satisfait une autre sorte d’envies, pas seulement artistiques. Parfois, ces envies je les ai, et parfois non. Il faut que ça fasse son chemin, dans un sens ou dans l’autre.

16. En tournée, en bus, entre mecs exclusivement, j’imagine que ça doit déconner pas mal. Ca vous arrive souvent de vous jouer des tours ou de vous lancer des défis sur scène?
Oui, ça déconne pas mal, et un peu tout le temps. Mais finalement sur scène c’est peut-être là que ça déconne le moins. Disons que chacun est toujours ultra conscient, au moment de monter sur scène, du fait qu’on a une sorte de « mission » de groupe à remplir pendant deux heures Si on déconne beaucoup aussi sur scène, c’est toujours dans l’intérêt du show et surtout pas au détriment de la concentration de chacun.

17. Un scoop sur ce que prépare Bénabar ? 🙂 (On sait jamais, hormis la « compilation », il y a peut-être d’autres choses à savoir)
Bah…il prépare des nouvelles chansons, mais ça c’est pas un scoop. Mais alors quoi comme chansons, nous aussi on aimerait bien le savoir. Sinon, j’ai l’impression que la compil va pas mal barder…

18. Et sinon, la prochaine fois que je te croise en concert, tu m’emmènes en backstages? Bah quoi, je tente quand même 😉 )
Bah obligé!

Bon bah maintenant, va pas falloir que tu m’oublies avant la reprise des tournées (pas avant 2009, si j’ai tout compris) 😉

En tout cas, encore merci à Brett d’avoir accepté de jouer le jeu!
Ce genre de petite expérience m’a vraiment enchantée ^^

Et j’espère qu’elle vous plaira aussi à vous 🙂

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